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Retour sur le Grand Circuit Amiante 2016


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Le Grand Circuit Amiante 2016 s’est terminé le 15 décembre 2016 à la Fédération des Travaux Publics à Paris

Cette journée co-organisée par UniversAmiante, Cinov et Amiante 360, a accueilli les interventions de professionnels qui se retrouvent au cœur des enjeux de l’amiante. Leurs activités sont complémentaires pour nous apporter leur expérience et nous éclairer sur les problématiques actuelles du risque amiante : Eurofins, Sogelink – Amiante 360, 3M, DI Environnement, APBI et Fédération FIDI.

S’informer sur le risque amiante : un besoin réel

Une centaine de personnes venait assister à notre première conférence sur l’amiante en 2015. Le besoin était bien là : celui de s’informer, de rencontrer les acteurs locaux comme de favoriser l’échange et la collaboration entre les différents acteurs de la filière amiante.

Prolonger cette expérience devenait une évidence et il nous a paru important de venir aux professionnels concernés, en organisant un Grand Circuit 2016 dans toutes ses régions, et qui se finissait ce jeudi 15 décembre dans un lieu emblématique : le bâtiment de la Fédération des Travaux Publics à Paris.

Sur les 900 participants au Grand Circuit Amiante, tous les professionnels de la filière étaient représentés, avec une grande majorité de diagnostiqueurs immobiliers, mais aussi de désamianteurs, de bureaux d’études, de bailleurs et de collectivités.

Le désamiantage : un enjeu toujours actuel

Constat : une moyenne de 6,6% de présence d’amiante dans les FCP (flocage, calorifugeage et faux-plafond) et 51,8% dans des matériaux divers pour les bâtiments non résidentiels. Une moyenne de 36,4% dans des matériaux divers pour les bâtiments résidentiels. Tels sont les derniers chiffres de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Le travail de désamiantage est un travail de longue haleine qui exige plusieurs dizaines d’années. Mais il reste encore beaucoup à faire, signe des difficultés rencontrées sur le terrain.

Quels sont les freins et en quels endroits faut-il agir ?

En premier lieu, la multiplicité, celle des opérations, celle des prestataires et celle des clients complexifie le processus.

Le désamiantage implique au préalable d’identifier les structures contaminées : le prélèvement d’air et l’élaboration de stratégie d’échantillonnage, le contrôle visuel avant et après démantellement du dispositif, le carotage d’enrobé routier, le contrôle périodique d’état de conservation de matériaux, le diagnostic amiante avant démolition, le repérage avant travaux.

Par ailleurs, une enquête réalisée auprès de quatre cents sociétés représentatives de l’ensemble des acteurs de la filière révèle les difficultés sur le terrain :

  • l’intervention en site occupé, rendant difficile la bonne conduite des travaux,
  • l’acceptation du nombre de prélèvements : il est difficile d’anticiper le nombre de prélèvements à effectuer, obligeant à une souplesse dans l’évaluation du budget,
  • la sous-évaluation des budgets,
  • le manque d’anticipation qui génère l’urgence des travaux,
  • l’insuffisance de documentation sur le bâtiment et son historique ne facilite pas l’estimation des interventions. De fait, le cahier des charge n’est qu’à moitié satisfaisant.

Il en ressort que, si l’on souhaite mener un plan de désamiantage efficace et constructif, on ne peut plus se passer d’une collaboration plus étroite entre tous les acteurs de la filière, condition sine qua non pour produire un rapport complet et exploitable des structures concernées.

Le témoignage des experts lors du Grand Circuit Amiante à Paris

1. Amiante : une identification complexe
Cécile Dumas, responsable Laboratoire Paris d’Eurofins

Le groupe Eurofins propose une analyse complète des matériaux du bâti depuis 1987, et plus récemment, des enrobés routiers.
L’identification de présence d’amiante dans les enrobés routiers est complexe et cette complexité est liée à plusieurs facteurs.
Premièrement, du fait de sa composition (granulat, liant hydrocarboné et fillers ou sable), l’enrobé comprend aussi potentiellement de l’amiante à l’état naturel, dont on ignore encore si elle est cancérigène ou pas.

Par ailleurs, la réglementation sur le sujet n’est pas contraignante (décret du 4 mai 2012 relatif aux risques d’exposition à l’amiante et circulaire du 15 mai 2013 portant instruction sur la gestion des risques sanitaires liés à l’amiante dans les enrobés amiantés). Les textes référents sont donc des guides de préconisations techniques et méthodologiques élaborées par des fédérations de travailleurs de la route (USIRF / IDRIM / INRS).

Enfin, d’un point de vue technique, les délicates opérations de prélèvement et d’analyse peuvent fausser le résultat. Concernant le prélèvement, l’enjeu est de prélever un échantillon moyen qui soit représentatif de l’ensemble de l’enrobé. A l’étape de la préparation de l’échantillon, l’enjeu est ne pas créer de fragments de clivage (par broyage par exemple). On opère par d’autres méthodes comme la calcination ou l’attaque chimique. L’analyse de la morphologie des fibres (fils longs et fins) détermine alors s’il y a présence d’amiante ou pas.

2. La gestion du risque amiante
Mouna OUADIE – Chargée de mission, spécialiste produit Amiante360-Sogelink
Candy DECREY – Chargée de développement commercial Amiante360-Sogelink

La société lyonnaise SOGELINK propose des solutions logicielles et des formations réglementaires et techniques pour accompagner les acteurs du Bâtiment et des Travaux Publics. Elle est implantée sur cinq sites en France (18 000 clients / 60 000 utilisateurs).

Centraliser les données du bâti : un challenge pour le maître d’ouvrage

Les obligations du propriétaire et des maîtres d’ouvrage (Codes de la Santé publique, du Travail et de l’Environnement) sont pivots dans la gestion du risque amiante. Les méconnaître ou les négliger peut leur être préjudiciable.

Pour les bâtiments dont le permis de construire est antérieur à 1991, un DTA (le carnet de santé du bâtiment) doit être complété après chaque travaux. Il comprend une fiche récapitulative sur les matériaux comprenant de l’amiante, et il doit être diffusé un mois après l’étude auprès des personnes concernées. Et la responsabilité du maître d’ouvrage est engagée si la transmission des informations aux habitants n’est pas assurée.

Il faut aussi savoir que la mise à jour du DTA est obligatoire avant le 31 janvier 2021.

Tout la complexité pour le maître d’ouvrage tient à la dispersion des données. Retrouver les informations sur l’historique du bâti, dispersées entre tous les intervenants depuis sa construction, devient un vrai challenge.

La solution Sogelink : une plateforme collaborative de centralisation des données pour un seul référent du bâti

Pour répondre à ce problème, SOGELINK a mis en place une plateforme accessible par tous les acteurs concernés qui peuvent y renseigner chacun leurs données.

Elle permet aux maîtres d’ouvrage de formaliser les DTA en un clic et d’avoir une traçabilité sur leurs envois. Les donneurs d’ordre y disposent d’un espace de travail conçue de manière à répondre à chaque étape réglementaire. Quant à l’opérateur de repérage, il peut y trouver les informations dont il a besoin, y charger ses résultats et générer un rapport.

C’est une réponse au problème de dispersion des données.

Avec cette plateforme, tous les intervenants se réfèrent à un seul et même plan du bâtiment, usent d’une même terminologie (la cuisine reste la cuisine), tous les opérateurs sont identifiables et joignables.
Enfin, elle propose des synthèses sous forme cartographique, qui compilent l’historique des prélèvements et leurs données.

3. Actualité amiante
Marion Carasco, chef de marché – 3M
Marc Gabilly, expert amiante – 3M

Créée il y a plus d’un siècle dans la Nord des Etats-Unis, 3M emploie aujourd’hui 90 000 salariés. La société produit des EPI (équipements de protection individuels). Elle est l’inventeur des masques de protection.

Depuis le décret de 2012 révisant la limite du niveau d’exposition de 100 à 10 fibres par litre, la typologie des personnels exposés au risque amiante a été totalement modifiée, ouvrant le risque d’exposition à tout un pan de la population estimée aujourd’hui à deux millions de personnes.
Les EPI dépendent de cette évolution réglementaire, en voici quelques jalons :

  • 2013
    L’arrêté EPI définit le choix des équipements de protection, ses règles d’utilisation et d’entretien. Trois niveaux de durée d’exposition déterminent le port de masques, l’utilisation de systèmes de ventilation assistée ou d’adduction d’air.>Des tests d’ajustement à la morphologie des travailleurs doivent être effectués.
    L’arrêté instaure l’obligation de formation aux règles d’utilisation et d’entretien des EPI.
  • 2016
    Les résultats d’une nouvelle étude lancée par l’INRS en 2014 sont publiés, qui aboutissent à la révision des niveaux de protection des appareils respiratoires.

    • l’indice de protection reste inchangé mais le coefficient de protection pour la ventilation passe de 60 à 100.
    • les tests d’ajustement font l’objet d’une méthodologie plus précise.
    • un guide de prévention est réédité pour tout intervenant en sous-section 4 (SS4). L’INRS autorise sous certaines conditions la réutilisation des filtres (sur masque) quand ils sont réutilisables.
  • En 2017, un nouvel arrêté EPI devrait faire jour.

4. Désamiantage : étude de cas, la gare de Cergy Préfecture
Yoann PIERRESTEGUY – Responsable Agence de Paris – DAUPHINE ISOLATION / DI-ENVIRONNEMENT

Fondée en 1987, Dauphine Isolation s’est spécialisée, avec DI Environnement, dans le traitement de l’amiante, le retrait de peinture au plomb et le décapage en 1995. A son actif, plus de 5 000 chantiers réalisés. La société cible la mécanisation des techniques de retrait afin de minimiser l’exposition des salariés.

La gare de Cergy Préfecture située en région parisienne (95) est emblématique des nombreuses difficultés que l’on peut rencontrer sur le terrain, et un défi en terme de délai. Pour ce chantier, il fallait traiter le curage, le désamiantage et la remise en état sur une surface de 10 600 m2 en un mois et demi. Chaque minute de retard était facturée. La pression était donc très forte.

Le chantier fut scindé en deux sur la longueur du quai. La difficulté de l’opération tenait à la hauteur du plafond sur 250 mètres de voie, qui rendait impossible toute solution d’échafaudage, bien trop long à monter. Une solution fut trouvée : la création d’une platelage, une sorte de train comprenant une plateforme qui s’élève.

Pour la phase de retrait, une machine de brumisation fut mise en place afin que l’eau fasse tomber les fibres au sol. Le retrait ne pouvait être mécanisé et les opérateurs devaient racler les plafond manuellement. Il fallait donc humidifier constamment.

Les déchets d’amiante furent évacués en train pour stockage.

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