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Nouvel arrêté RAT : impact pour la maîtrise d’ouvrage et rôle de la maîtrise d’œuvre

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Thomas Lesser, président directeur général de BET2C, répond aux questions sur l’impact pour la maitrise d’ouvrage de l’arrêté du 19 juillet 2019 sur les repérages amiante avant travaux dans le Bâtiment. Une vidéo réalisée à l’occasion du Grand Circuit Maîtriser l’Amiante.

Retranscription

Quel est l’impact du nouvel arrêté sur les repérages amiante avant travaux dans le Bâtiment pour le maître d’ouvrage ?

D’une manière générale, les diagnostiqueurs sont beaucoup décriés. Mais à leur décharge, avec l’expérience, je me rends compte que des fois les conditions dans lesquels on leur demande d’intervenir ne sont pas optimales. Certains maîtres d’ouvrage passent commande d’un RAT pour répondre à leurs obligations, choisissent leur diagnostiqueur et donnent les clés de leur bâtiment en demandant à ce dernier de se débrouiller seul et rapidement. L’arrêté fixe à présent les obligations des deux parties, c’est à dire le diagnostiqueur et le maître d’ouvrage qui passe la commande. L’article 5, partie 1, fixe clairement les obligations du maître d’ouvrage : accompagner le diagnostiqueur, fournir des plans valables…

Peut-on encore se passer de maîtrise d’oeuvre ?

Dans les obligations, il y a « fourniture d’un programme détaillé des travaux ». Un maître d’ouvrage, quand il a un projet, il dit « j’ai un bâtiment existant, je vais faire 500 m2 de bureaux ». C’est son programme général. Après, avec le programme détaillé, le maître d’ouvrage ne va pas se poser la question – parce que ce n’est pas son rôle – de savoir comment il veut que le bâtiment soit ventilé ou climatisé, et par où il va faire passer les gaines, etc. Il n’a pas les compétences pour faire un programme détaillé des travaux. En plus, dans le cadre d’un RAT, il faut un programme détaillé des travaux orienté par rapport au travail du diagnostiqueur.

Aussi, l’analyse des risques du chantier, ce n’est pas uniquement à l’entreprise de la faire. C’est d’abord la maîtrise d’ouvrage. Ce qui veut dire qu’elle doit faire une première analyse du risque, et – notamment pour les systèmes de confinement – avoir une idée de ce qui devrait être mis en place pour le chantier. Ça va lui permettre de fixer un budget avant de consulter les entreprises. Pour faire son analyse des risques, il vaut peut être mieux prendre quelqu’un qui a l’habitude de l’analyse des risques amiante, de l’analyse du contexte de l’opération, pour savoir à peu près s’il faut faire un cloisonnement avec une simple peau de polyane tirée, ou s’il faut prévoir une cloison semi-rigide. Plus que jamais, dans des opérations de traitement de l’amiante, un maître d’oeuvre est un atout pour le maître d’ouvrage.

La robotique peut-elle renforcer la sécurité des travailleurs ?

Oui, évidemment, la robotisation va être une avancée. Hors problématique amiante en premier lieu, parce ce certaines tâches sont très fastidieuses et usantes. La robotique va pouvoir répondre à une obligation de prévention des risques professionnels et notamment des troubles musculo-squelletiques (TMS). La robotique va aussi permettre à l’opérateur de retrait de s’éloigner de la source émissive. On va donc pouvoir mieux le protéger. Dans l’absolu on ne va pas forcément réduire l’empoussièrement à la source, mais on va éloigner l’opérateur de la source émissive.

Cependant, la robotique n’est pas la solution à tout. Pour commencer, nous n’en sommes qu’aux balbutiements. Pour l’instant les robots n’interviennent que sur les surfaces courantes. Il restera toujours à l’homme de traiter les points singuliers, qui sont potentiellement émissifs.

Ensuite, il y a une problématique que l’on invoque à chaque fois que le Plan de recherche et développement amiante (PRDA) étudie des dossiers de robots : quid de l’entretien courant, des réparations en zones et de la maintenance de ces robots ? Comment fait-on quand un robot tombe en panne ? Ce qui veut dire que derrière la conception des robots, il faut qu’il se mette en place toute une chaine logistique au sens large. Des logisticiens pour approvisionner la machine, des techniciens de maintenance qui sont habilités au minimum SS4 afin d’entrer en zone pour réparer. De même, lorsque le robot est rapatrié dans un atelier, on ne va pas pouvoir faire l’entretien du robot au milieu de l’atelier comme on peut le faire pour l’entretien de sa voiture.

Donc la robotique est une avancée, mais il faut rester vigilant et ce n’est pas la solution à tous les problèmes des chantiers de désamiantage.


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