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Stratégie d’entreprise et management : les électriciens face à la révolution numérique


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Quelles pourraient être les nouvelles manières d’entreprendre et de diriger pour faire entrer de plain-pied les entreprises d’électricité et leurs salariés dans la « révolution numérique » ? Comment permettre à ces dernières de capter de nouveaux marchés ? Ce sont les questions sur lesquelles se sont penchés la Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique (FFIE) et ses invités lors de la deuxième édition des Rencontres de la FFIE, organisée à Paris le 8 février dernier. Chefs d’entreprises, électriciens, industriels et think tank ont exposé tour à tour leurs points de vue et expériences sur le sujet à travers deux tables rondes et des échanges avec le public. Retour sur les idées exposées par les intervenants.

L’électricien, un tiers de confiance

Premier constat : les entreprises doivent s’adapter aux évolutions afin de ne pas perdre de parts de marché face aux géants du Web (GAFAM en tête). Emmanuel François, président de la Smart Building Alliance (SBA), rappelle comment 20 ans plus tôt le leader mondial des onduleurs s’était fait doubler par un outsider venant du milieu de l’informatique. L’historique de ce marché, via lequel certains électriciens sont entrés très tôt dans l’ère du numérique, offre une vision de ce qui attend le secteur du bâtiment. Car bien avant la maison connectée, les onduleurs devaient communiquer avec le système électronique. « Aujourd’hui parler de guerre des protocoles n’a plus de sens. Le consensus est sur l’IP, le bâtiment est IP, explique Emmanuel François. De fait, la concurrence est forte avec les systèmes ouverts et plug&play proposés par les géants du Web, mais les installateurs ont un rôle à jouer ! Ils doivent se demander s’ils souhaitent devenir un tiers de confiance – avec la responsabilité juridique que cela comporte – ou s’ils souhaitent s’associer avec un autre acteur ».

Caroline Nivelle, directrice marketing France chez Hager, abonde dans ce sens : « L’électricien bénéficie d’un véritable capital confiance auprès des consommateurs. Il est parfaitement placé pour récupérer ce rôle de conseil. Un rôle d’autant plus essentiel qu’aucune maison n’est identique et que chaque demande a ses particularités ». C’est en remettant de l’humain au coeur de la prestation et en soignant l’expérience client que la société Uber a su prendre la place qu’elle détient à présent. Or, ce sont les mêmes consommateurs – avec les mêmes attentes – que partagent l’entreprise californienne et les électriciens.

La data est un autre enjeu qui attend les professionnels de l’électricité. Alexis Delepoulle a développé avec l’entreprise Energic, qu’il préside, une application de coaching communautaire visant à réduire les consommations des occupants d’un immeuble. Cette application met en forme les données des occupants et propose des défis donnant lieu à des récompenses et – surtout – à des économies d’énergies de l’ordre de 10 à 15 % sur la facture finale. « Les électriciens laissent échapper la valeur des équipements qu’ils installent, note-t-il. C’est à dire la data. Ils gagneraient beaucoup à garder le lien d’usage avec le bâtiment, notamment via la maintenance ».

De nouvelles méthodes managériales

Au delà de la technique et de la technologie, la FFIE souhaitait évoquer le rôle managérial du chef d’entreprise. Entre deux tables rondes, Philippe Le Roux, membre du think tank Entreprise et Progrès, a ainsi présenté ses réflexions sur l’influence du numérique sur le leadership des entreprises. « La linéarité de l’ère industrielle est derrière nous, nous vivons désormais dans l’incertitude », constate-t-il. Aussi, la crise de l’autorité s’est étendue au milieu professionnel et l’écart entre la vision des dirigeants et celle des salariés favorise l’élévation du stress dans les entreprises. Or, l’innovation managériale a stagné tandis que l’innovation technologique explosait.

Afin de trouver des solutions, Philippe Le Roux a réuni avec son think tank une trentaine de chefs d’entreprises volontaires pendant un an autour d’ateliers de réflexions. De ces échanges est né un ouvrage (« Etre un leader à l’ère du numérique »), ainsi que des convictions. En voici une partie résumée :

  • Les entrepreneurs ne peuvent plus se contenter de regarder uniquement leur filière ;
  • L’innovation étant devenue une priorité stratégique, tous les métiers doivent se réinventer ;
  • Les entreprises doivent mener une évolution culturelle en déverticalisant les hiérarchies et en sortant certains maillons de la chaîne de valeur de la construction traditionnelle en silos ;
  • La clé de la transformation digitale réside dans l’évolution managériale de toutes les personnes qui encadrent ;
  • Cette révolution ne peut être conduite que par les dirigeants eux-mêmes, ce qui nécessite leur propre révolution culturelle.

Et si le changement venait tout simplement des nouvelles générations ? Jérôme Teste, gérant de l’entreprise d’installation électrique Juleo, témoigne de la dynamique née dans son entreprise lorsqu’il a décidé d’équiper ses quelques 50 salariés d’outils numériques : « Les personnes les plus expérimentées sont les plus compétentes mais aussi celles qui ont le plus de mal à utiliser les outils numériques. Mais très vite les salariés les plus habitués à l’usage de ces technologies, le plus souvent les plus jeunes, vont venir en aide à leurs ainés. En laissant faire on trouve une certaine spontanéité ».

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