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La recherche de l’amiante dans les enrobés routiers


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La présence d’amiante n’épargne presque aucun secteur. Ainsi, avant l’interdiction définitive et générale de l’utilisation de l’amiante, ses propriétés ont été utilisées pour consolider les revêtements des routes en mélangeant de l’amiante dans les enrobés routiers.

En effet, l’adjonction d’amiante chrysolite, particulièrement fibreuse, participe à renforcer la structure des enrobés, notamment en y évitant les fissures.
En conséquence, de nombreux enrobés de voiries peuvent actuellement être considérés comme des « matériaux amiantés » et nécessitent, à ce titre, un repérage préventif pour éviter tout risque d’exposition aux poussières d’amiante des personnels travaillant à la réfection ou à l’enlèvement total ou partiel des anciens enrobés.

Les résultats de plusieurs études permettent d’évaluer que 0.4% des routes françaises du réseau non concédé contiendrait de l’amiante dans les enrobés routiers dans une proportion comprise entre 1 et 2% de leur composition, comme le précise le guide d’aide à la caractérisation des enrobés bitumineux, publié par l’INRS en 2013.

Précisons d’ailleurs que ce guide constitue actuellement la référence technique de base sur le sujet de l’amiante dans les enrobés routiers, comme l’a rappelé le Ministre de l’Ecologie dans sa réponse du 19 janvier à la question de la Députée des Pyrénées-Atlantiques : « Le « guide d’aide à la caractérisation des enrobés bitumineux » a été rédigé en 2013 par un groupe de travail unissant les professionnels des travaux publics, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’assurance maladie et les administrations de l’État (santé, écologie, travail) pour gérer le risque sanitaire généré par la présence d’amiante dans les enrobés routiers. Il constitue un guide de l’état de l’art notamment pour mettre en œuvre des mesures de prévention adaptées au regard du risque de l’amiante sur les routes ».

Par ailleurs, la seule base juridique spécifiquement dédiée à la question de l’amiante dans les enrobés routiers est la circulaire du 15 mai 2013 « portant instruction sur la gestion des risques sanitaires liés à l’amiante dans le cas de travaux sur les enrobés amiantés du réseau routier national non concédé ». Ce document n’a pas été publiée au Journal Officiel.

Jusqu’au milieu des années 90, certaines couches de roulement ont été réalisées en incorporant de l’amiante dans les enrobés routiers à hauteur de 1 % de leur masse totale. La répartition par type de réseau et par région est hétérogène et dépend de multiples facteurs, notamment de la densité du trafic, puisqu’il semblerait, selon la Ministre de l’Ecologie, qu’il n’y ait pas d’amiante dans les enrobés routiers des voies à faible trafic.

Les risques

Le risque sanitaire est évident : lors d’opérations d’enlèvement ou de réfection de chaussée, certaines opérations spécifiques (rabotage, perçage, etc), vont générer une émission de fibres d’amiante dans l’air, qui seront inhalées par les salariés travaillant à proximité, s’ils ne sont pas équipés en conséquence.

L’autre risque est d’ordre environnemental, puisque les entreprises chargées de ces travaux peuvent réutiliser les gravats enlevés pour les incorporer dans certains ouvrages, comme les consolidations d’accotement. L’autre problème qui se pose sera donc le traitement ou le confinement des gravats amiantés, qui deviendraient de fait des déchets dangereux au sens de la réglementation.

Rôles et responsabilités

Le maître d’ouvrage, lors de la conception, et l’employeur lors de la réalisation des travaux, ont pour obligation de signaler la présence d’amiante à l’entreprise et/ou tout intervenant sur les couches d’enrobés concernées, et donc de diligenter les études et analyses préalables nécessaires pour caractériser les matériaux de chaussée, afin de déterminer s’il y a de l’amiante dans les enrobés routiers.

Comme le précise en effet le guide de l’INRS, s’appuyant sur les dispositions du Code du Travail : « La caractérisation pour établir l’absence ou la présence d’amiante et/ou de HAP en teneur élevée dans les enrobés concernés est de la responsabilité du donneur d’ordre, maître d’ouvrage, propriétaire ou gestionnaire de l’infrastructure faisant l’objet de l’opération »

Pour les professionnels, il s’agit donc, dans un premier temps, de qualifier les enrobés à l’aide d’informations (formulation des matériaux, âge de la couche, etc.) et de déterminer si elles peuvent contenir de l’amiante dans les enrobés. En fonction de cette qualification, il pourra être nécessaire de réaliser une cartographie du potentiel de présence de fibres sur les lieux.
A ce sujet, la liste des critères techniques est actuellement en cours de définition.

Dans un second temps, l’opérateur doit procéder à des prélèvements de l’enrobé par carottage pour permettre leur analyse. Les carottes issues de prélèvements routiers multicouches doivent être fractionnées par couche homogène, chaque couche étant ensuite concassée avant envoi au laboratoire afin de permettre une analyse « à coeur ».

Lors de ce prélèvement, en cas d’émission de poussière, le diagnostiqueur doit, bien entendu, prendre toutes les précautions nécessaires d’une part vis-à-vis des riverains et aussi des travailleurs (information, mesure, etc.). Une procédure à destination des entreprises et en cours de rédaction pour maîtriser les émissions de poussières.

Enfin, la gestion des déchets de chantier contenant de l’amiante doit faire l’objet d’une attention et de prescriptions particulières.

 

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