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Défaut de qualité de l’air intérieur : causes et solutions


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De par les contraintes techniques et réglementaires qu’il impose, le contrôle de la qualité de l’air intérieur constitue un enjeu pour le marché de la construction et de la rénovation. Jean-Michel Catherin, président de Testoon, nous détaille les implications, les imbrications, et quelquefois les manques, des techniques et de la réglementation régissant le contrôle de la qualité de l’air intérieur.

La qualité de l’air intérieur recouvre des enjeux fondamentaux. Comment s’articulent-ils ?

Avant toute autre chose, la qualité de l’air intérieur est un enjeu de santé publique. Depuis quelques années, de nombreuses études ont été menées pour déterminer les raisons de l’émergence constatée de certaines pathologies liées à des typologies d’environnements précis. De nombreux travaux ont ainsi été menés sur la qualité de l’air extérieur, liée à la présence d’hydrocarbures, de pollutions industrielles, de benzènes, etc.

En parallèle, des travaux ont été réalisés sur la qualité de l’air intérieur qui, elle, concerne les environnements fermés (ERP, bureaux) voire confinés (habitacles de voitures, de camions, de trains), dont font partie les habitations disposant d’un système d’échange d’air intérieur/extérieur contrôlé, c’est-à-dire d’une VMC double flux ou de systèmes d’échange d’air contrôlé permettant d’éliminer les échanges d’air parasites pour optimiser les risques sanitaires et garantir leur efficacité énergétique.

Et c’est précisément cet équilibre entre l’enjeu sanitaire et les exigences énergétiques qui constitue une véritable quadrature du cercle. Sur le bâti ancien, cet équilibre était maintenu par l’absence d’une isolation efficace, qui garantissait une circulation d’air optimale, mais au prix d’une efficacité énergétique désastreuse…

La qualité de l’air intérieur s’évalue au regard de plusieurs critères : la concentration en CO2 qui, correctement traitée, permet de déduire un indicateur de confinement, la température, et le taux d’hygrométrie, qui est essentiel à une bonne hygiène de vie et doit être compris entre 40% et 60%.

L’étanchéité du bâti, la ventilation et la qualité de l’air constitue donc un triptyque à équilibrer pour garantir à la fois les enjeux sanitaires et énergétiques.

Comment la réglementation fait-elle en sorte d’assurer cet équilibre ?

En vue de concentrer les efforts sur la maîtrise des consommations énergétiques, la réglementation a surtout mis l’accent sur l’étanchéité à l’air. C’est logique : plus on améliore le confinement des habitations, moins vite elles se refroidissent et donc, moins elles consomment. Mais la réglementation n’a pas instauré de mesures aussi importantes quant à l’efficacité de la ventilation.

Dès lors que le rapport entre étanchéité et ventilation est déséquilibré, des problèmes apparaissent inévitablement, qui s’expliquent par l’apport à la fois de polluants extérieurs (benzène) et intérieurs, notamment des gaz émis par des matériaux, les fameux COV, et d’autres issus de la décomposition des colles et des solvants, comme les formaldéhydes.

Pour faire face à cela, la réglementation s’est surtout concentrée sur la lutte contre l’origine des pollutions. Essentiellement, le législateur a accentué la lutte contre la pollution extérieure, notamment issue de la circulation automobile, et, pour la pollution intérieure, à bannir les matériaux fortement émissifs en formaldéhydes (vernis, colles, et autres adjuvants chimiques), via des normes imposées aux fabricants.

En ce qui concerne la ventilation, la réglementation affiche toutefois un retard plus que conséquent, puisque les dispositifs applicables datent des années 80, quand les VMC dans l’habitat ont été rendues obligatoires pour les bâtiments neufs.

Quelles sont les conséquences de cette obsolescence sur le marché de la construction et de la rénovation ?

On se retrouve avec des bâtiments « neufs », c’est-à-dire postérieurs à 1982, avec une VMC qui ne répond pas forcément aux normes d’isolation modernes ; des bâtiments anciens (construits avant 1982) rénovés aux normes modernes qui disposent d’une VMC ; et d’autres qui n’en ont pas. Par ailleurs, l’isolation aux normes actuelles des bâtiments anciens, si elle n’intègre pas une ventilation réellement efficiente, risque de générer des problèmes de qualité de l’air intérieur, en rompant l’équilibre hydrologique et aéraulique du bâti.

De plus, les exigences de la ventilation ne prennent pas en considération les nouveaux systèmes constructifs : souvent mal installés, mal dimensionnés, et mal entretenus, les systèmes de ventilation ne sont pas ou peu opérants dans l’immense majorité (70%) du parc immobilier. Nous sommes face à un énorme déficit qui va devoir être pris en compte par les pouvoirs publics.

Des labels se mettent actuellement en place sur le sujet, qui prennent en compte la qualité de la ventilation, via des contrôles de l’étanchéité à l’air du réseau aéraulique, sa fonctionnalité, la performance du système. Je pense notamment au protocole Promevent pour l’habitat, et celui pour le tertiaire qui est en cours de rédaction. Rédigé par les acteurs publics de l’amélioration de l’habitat et par des professionnels, il décrit le protocole de mise en place d’une ventilation efficace, et va servir de base à de future réglementation. A minima, ce protocole a vocation à devenir une norme.

Entre contrôles, mesures des polluants et qualité de l’air effective, comment agir concrètement dans les bâtiments ?

La qualité de l’air intérieur est parfaitement monitorée, mais la ventilation doit absolument être prise en compte. Initialement mis en place dans les maternelles et les crèches, les contrôles de qualité de l’air intérieur seront applicables à tous les ERP d’ici 2023. On a donc une montée en puissance progressive de ces dispositifs qui obligent les maîtres d’ouvrages à contrôler le CO2, les formaldéhydes, et le benzène.

Mais souvent, c’est le mode d’occupation d’un bâtiment qui va déterminer la pertinence des contrôles à effectuer et les modes de ventilation à utiliser. Par exemple, dans une salle de classe occupée, le profil de CO2 va très vite grimper de 500 ppm à 2000 ppm, qui est un taux dangereux. S’il est mesuré par capteurs en continu, les données obtenues n’auront pas d’utilité car la concentration va dépendre des modes d’utilisation, dont il faut pouvoir apprécier l’impact. Il est préférable d’enregistrer ce taux en continu pendant 5 jours, chaque minute. Ces données, horodatées et croisées avec le planning d’utilisation des lieux, va permettre de définir les mesures à prendre, qui seront soit de simple hygiène (ouverture régulière des fenêtres), soit d’installation de dispositifs de ventilation.

La réglementation devrait évoluer dans ce sens en passant d’une obligation de surveillance à une obligation de maîtrise. Cette disposition figurait d’ailleurs parmi les amendements déposés dans le cadre du projet de loi ELAN (Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique).

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