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Poussières d’amiante : quelles mesures collectives de réduction des émissions ?


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D’une manière générale, pour satisfaire à ces obligations, l’employeur est tenu de mettre en œuvre, dès la phase de préparation de l’opération de désamiantage, des moyens de protection collective et individuelle.

Les mesures de protection collectives doivent être adaptées à la nature des opérations à réaliser permettant d’éviter la dispersion de fibres d’amiante en dehors de la zone de travail et d’abaisser la concentration en fibres d’amiante au niveau le plus bas techniquement possible.

Ces mesures collectives comprennent :

  • L’abattage des poussières ;
  • L’aspiration des poussières à la source ;
  • La sédimentation continue des fibres en suspension dans l’air ;
  • Les moyens de décontamination appropriés.

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  1. L’ABATTAGE DES POUSSIERES D’AMIANTE
  2. ASPIRATION DES POUSSIERES A LA SOURCE
    – Concrètement : les aspirateurs
  3. SEDIMENTATION DES POUSSIERES DANS L’AIR
  4. DISPOSITIFS DE DECONTAMINATION
    – Concrètement : les installations de décontamination
    – Concrètement : les extracteurs

L’abattage des poussières d’amiante

Des études approfondies de l’INRS ont démontré que l’abattage des poussières constituai souvent l’un des points faibles de la lutte contre l’empoussièrement des chantiers. L’utilisation adéquate des différents moyens (balayage, aspiration…) doit permettre, dans un premier temps, de réduire significativement l’empoussièrement de l’air.

Cette voie de réduction passe par une formation minimale. Généralement, les techniques d’abattage par brumisation donnent des résultats très efficaces qui devront être mis en œuvre par l’entreprise.

Aspiration des poussières d’amiante à la source

Ici, il s’agit de solutions techniques nécessitant une adaptation des outils de travail, notamment si le retrait des matériaux amiantés nécessite un grattage, par exemple. Dans ce cas, les outils utilisés doivent être munis d’un système d’aspiration des matériaux grattés pour éviter qu’ils ne répandent des poussières dans l’air, notamment en retombant au sol.

Concrètement : les aspirateurs

Tous les dispositifs d’aspiration mis en place dans le cadre d’un chantier amiante doivent être équipés de filtres THE de classe H13. Les aspirateurs destinés à être utilisés dans le cadre de chantiers amiante doivent avoir été conçus pour cette utilisation spécifique. En conséquence, ils doivent présenter les caractéristiques suivantes :

  • Double filtration THE ;
  • Filtre secondaire ;
  • Clapet d’obturation de l’orifice d’aspiration en cas de retrait du tuyau d’aspiration ;
  • Réceptacle de poussières à double sac permettant le changement de sac sans émission de poussières ;
  • Indicateur (lumineux et/ou sonore) de colmatage du filtre et de remplissage du sac.

Pour les aspirateurs connectés à de l’outillage de retrait de l’amiante (notamment les colles), celui-ci doit être équipé d’une tête à effet cyclonique et d’un système de décolmatage du filtre.

Sédimentation des fibres amiante dans l’air

La sédimentation des fibres d’amiante consiste à les alourdir par une pulvérisation de produits, ce qui permet de les maintenir au sol, et d’éviter ainsi un empoussièrement excessif.

L’application de ce dispositif en continu pendant toute la durée du chantier permet de réduire considérablement l’empoussièrement.

Dispositif de décontamination

La décontamination (des travailleurs, du matériel, des déchets) est la « procédure concourant à la protection collective contre la dispersion de fibres d’amiante hors de la zone de travaux et qui, pour la décontamination des travailleurs, est composée, notamment, du douchage des équipements de protection individuelle utilisés, de leur retrait et du douchage d’hygiène ».

Dans le cadre de travaux d’encapsulage ou de désamiantage, le chantier est divisé en zones, dont la zone des travaux à proprement parler (celles dans laquelle les salariés effectuent les opérations d’encapsulage ou de désamiantage) et les sas d’accès à cette zone.

Ces zones doivent être confinées afin d’assurer une étanchéité parfaite à l’air pour éviter la propagation de fibres d’amiante à l’air libre. Les dispositifs de décontamination sont physiquement constitués de sas successifs dans lesquels passent les hommes, les équipements et les matériaux ayant été soumis à un empoussièrement.

Les installations de décontamination sont conçues, équipées, entretenues et ventilées de manière à permettre la décontamination des travailleurs, des personnes autorisées à entrer en zone de travail de par leur travail et de leur fonction et des équipements de travail et des déchets.

Elles sont mises en place durant la phase de préparation.

Dans la configuration du chantier, les installations de décontamination des travailleurs doivent être distinctes des installations de décontamination des équipements de travail et des déchets sauf si la configuration du chantier ne le permet pas.

Pour des raisons évidentes d’efficacité des mesures de confinement, les installations de décontamination constituent les seules voies de sortie depuis la zone de travail vers l’extérieur, à l’exception de manœuvre de secours.

Un balayage d’air non pollué doit être mis en place pour assurer la ventilation des installations de décontamination. Cette mesure permet d’assurer la salubrité et empêcher tout transfert de pollution en dehors de la zone de travail.

Les installations de décontaminations des travailleurs, en plus de ce qui a été indiqué ci-dessus, présentent des spécificités, notamment dans l’agencement des sas de décontamination et dans les équipements devant être mis en place.

La réglementation en vigueur impose que les installations de décontamination des opérateurs comportent au moins trois compartiments, dont deux douches permettant d’assurer successivement la décontamination des équipements de protection individuelle (EPI), et la douche d’hygiène des opérateurs.

Ces douches doivent être alimentées en quantité et en pression suffisante d’eau à température réglable.

Ces installations sont éclairées et comprennent notamment un vestiaire d’approche et une zone de récupération définis de la manière suivante :

  • Le vestiaire d’approche est convenablement aéré, éclairé et suffisamment chauffé. Il se situe dans le prolongement immédiat de l’installation de décontamination. Il comporte un nombre suffisant de sièges et de patères (au moins un par travailleurs appelés à entrer en zone confinée).
  • La zone de récupération est convenablement aérée, éclairée, suffisamment chauffée et située, dans la mesure du possible, à proximité du vestiaire d’approche, sauf si la configuration du chantier ne le permet pas. Elle comprend au minimum des sièges en nombre suffisant, une table et les moyens permettant de prendre une boisson fraîche ou chaude.

Le vestiaire d’approche et la zone de récupération peuvent être contiguës.

Dans les installations de décontamination des travailleurs, le taux de renouvellement du volume de la douche est au minimum de deux fois son volume par minute.

Concrètement : installations de décontamination

Les tunnels de décontamination sont les seuls points d’entrée et de sortie du chantier amiante, lui-même confiné. Ce sont les installations de décontamination qui assurent l’étanchéité des accès au chantier et l’hygiène des opérateurs qui y travaillent.

L’ancienne distinction entre les matériaux amiantés friables et non friables entraînait une différenciation dans la structure des installations de décontamination : 3 zones pour les matériaux non friables et 5 zones pour les matériaux non friables. La suppression de la distinction entre les deux types de matériaux, et l’application systématique des procédures de travail sur matériaux friables nous amènent à envisager que les installations de décontamination doivent désormais, en dehors d’impossibilité technique insurmontable, comprendre 5 zones.

Nous reprendrons donc ici les recommandations de l’INRS concernant les installations de décontamination à 5 zones.

Dans un tunnel à 5 zones, l’ordre des zones, leur fonction et leur équipement sont les suivants (en partant de l’entrée, donc, de l’extérieur du chantier :

  • Zone 0 : Dans cette « zone d’approche », les opérateurs entrant s’équipent de leur masque respiratoire pour entrer dans le premier compartiment, et les opérateurs sortant l’utilisent comme zone de récupération (voir ci-avant). Les vêtements « civils » et les appareils de protection respiratoires y sont stockés. Il s’agit donc d’un « vestiaire », et non pas d’une partie de la zone de décontamination.
  • Compartiment 1 : Ce compartiment devra comporter des étagères pour les serviettes propres, des corbeilles pour les serviettes mouillées, des portemanteaux, et un point de branchement pour l’adduction d’air.
  • Compartiment 2 : Il s’agit du compartiment de la douche d’hygiène. Il convient de prévoir une douche pour 5 opérateurs minimum, des douches et douchettes d’un débit de 10 litres/minute, des crochets de suspension pour les appareils respiratoires, une alimentation en eau à débit et température réglables. Chaque opérateur doit
    pouvoir se doucher pendant 5 minutes à 37°C minimum. Le recyclage de l’eau n’est pas autorisé et son évacuation se fait par pompe avec filtration à 5 µm. Un point de branchement pour l’adduction d’air doit être prévu si nécessaire.
  • Compartiment 3 : C’est le compartiment dans lequel les opérateurs ôtent les EPI qui ont été décontaminés dans le compartiment 4 (voir ci-dessous). Il doit pouvoir accueillir au minimum deux opérateurs et permettre l’utilisation d’un aspirateur. Il doit être équipé d’un système d’aspiration à filtration THE. Un conteneur à déchets doit être prévu pour les équipements jetables et les filtres de protection respiratoire. Un point de branchement pour l’adduction d’air doit être prévu si nécessaire
  • Compartiment 4 : C’est l’espace prévu pour le douchage des opérateurs avec leurs EPI. Il convient de prévoir une douche pour 5 opérateurs minimum (ou une rampe fixe de douchage automatique multidirectionnel), d’un débit de 10 litres/minute, des crochets de suspension pour les appareils respiratoires, une alimentation en eau à débit et température réglables. Chaque opérateur doit pouvoir se doucher pendant 5 minutes à 37°C minimum. Le recyclage de l’eau n’est pas autorisé et son évacuation se fait par pompe avec filtration à 5 µm. Un point de branchement pour l’adduction d’air doit être prévu si nécessaire.
  • Compartiment 5 : Il s’agit du compartiment le plus pollué de l’installation de décontamination, puisque c’est celui par lequel les opérateurs entrent et sortent de la zone de travaux. Ses dimensions doivent permettre à deux opérateurs de s’y tenir ensemble et d’y utiliser un aspirateur. Il doit être équipé d’un dispositif d’aspiration à filtration THE, de râtelier pour le dépôt des bottes, et d’entreposage des vêtements utilisés sur le chantier. Un point de branchement pour l’adduction d’air doit être prévu si nécessaire.

Par exception, pour les processus dont l’empoussièrement estimé est de premier niveau, les installations de décontamination peuvent comprendre une zone de décontamination à la sortie de la zone de travaux permettant l’aspiration au moyen d’un aspirateur équipé de filtre THE de type HEPA a minima H 13 (selon les classifications définies par la norme NF EN 1822-1 de janvier 2010), le mouillage par aspersion de la combinaison avec de l’eau. Ces installations de décontamination comprennent par ailleurs une douche d’hygiène que l’intervenant utilisera à la suite de la prédécontamination.

Concrètement : les extracteurs

Les recommandations de l’INRS sont plus précises que les dispositions réglementaires. Ainsi, L’institut recommande que les extracteurs d’air soient équipés au minimum des éléments suivants :

  • Préfiltre ;
  • Filtre seccondaire ;
  • Filtre THE de type HEPA ;
  • Manomètre permettant de contrôler l’évolution de la perte de charge ;
  • Pressostats de contrôle de présence du filtre THE (pour obtenir une perte de charge minimale) et la limite d’utilisation des filtres ;
  • Voyants lumineux pour le contrôle de la plage d’utilisation des filtres ;
  • Réglage du débit à 3 positions ;
  • Protection IP65 ou IP55 si les extracteurs doivent être placés à l’intérieur de la zone de confinement (puisqu’ils devront dans ce cas être décontaminés à l’eau.

Pour des raisons de sécurité de continuité du confinement, l’INRS recommande également de disposer d’un extracteur de rechange, à la fois en cas de panne du premier, mais surtout pour les opérations de maintenance, notamment les changements de filtres.

Dans tous les cas, et surtout lorsque les travaux d’encapsulage ou de retrait ont lieu dans un bâtiment partiellement occupé, l’air filtré par les extracteurs doit être rejeté à l’extérieur du bâtiment.

Si ce rejet à l’extérieur est impossible pour des raisons techniques, l’INRS recommande l’utilisation d’un extracteur à double étage de filtration THE, avec rejet de l’air filtré dans un local balisé ouvert sur l’extérieur.

D’une manière générale, il est recommandé, pour en faciliter la maintenance, de placer les extracteurs à l’extérieur de la zone de confinement, directement contre les protections statiques, afin d’éviter des pertes de charge dues à des gaines trop longues. Le passage de la cloison de confinement devra être hermétiquement scellé au ruban adhésif ou à la mousse expansible.

Enfin, les installations de décontamination des déchets doivent répondre aux obligations suivantes :

  • Pour les travaux générant un empoussièrement de premier niveau, l’employeur doit mettre en œuvre les moyens de décontamination des déchets adaptés à la nature des travaux ;
  • Pour les travaux générant un empoussièrement de deuxième et troisième niveaux, les installations de décontamination des déchets sont éclairées et doivent être compartimentées de façon à assurer la douche de décontamination, les compléments de conditionnement et les transferts. La vitesse moyenne de l’air est de 0,5 mètre par seconde sur toute sa section.

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