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La fibre optique : une opportunité pour les électriciens – Interview de Didier Cazes (Orange)


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Le plan Très Haut Débit et le déploiement généralisé de la fibre qui l’accompagne vont, contrairement aux idées reçues, ouvrir de nouveaux marchés aux électriciens. Troquer le cuivre contre la fibre : une bonne idée ? Éléments de réponse avec Didier Cazes, Responsable des relations externes de la Direction fibre chez Orange.

La fibre présente-t-elle des opportunités de marchés pour les électriciens ?

Beaucoup d’électriciens considèrent que le marché du déploiement est verrouillé car ce dernier repose – et c’est d’ailleurs vrai – sur une quinzaine de gros acteurs. Mais ce qu’ils ne prennent pas en compte, c’est tout le marché du raccordement et de l’installation domestiques qui est tout aussi considérable. Et qui va demander une souplesse organisationnelle que seules peuvent avoir des PME ou des artisans.

le raccordement des 28 millions de logements à fibrer sera assuré dans les 10 ou 15 prochaines années par les électriciens

On estime que le déploiement de la fibre jusqu’à l’abonné devrait mobiliser environ 19 000 emplois. Les électriciens disposent déjà, moyennant des formations ciblées (notamment la soudure de fibre optique), des compétences nécessaires à l’installation de la fibre dans les immeubles. Donc, si le déploiement de la fibre est bien le fait de grands opérateurs pour ce qui concerne les voies publiques ou les colonnes montantes, le raccordement des 28 millions de logements à fibrer sera, lui, assuré dans les 10 ou 15 prochaines années par les électriciens. Il concernera essentiellement le raccordement fibre jusqu’au Nœud (FTTN), jusqu’à l’entreprise (FTTE) et jusqu’à l’abonné (FTTH).

Il y a également un autre marché dont on parle peu, surtout parce qu’il n’a pas été identifié au départ : les services généraux des immeubles (ascenseurs, alarmes…) qui, pour la plupart, fonctionnent en RTC (réseau analogique), une technologie qui sera définitivement supprimée à partir de fin 2018. Par conséquent, toutes ces connexions vont devoir passer en fibre. Aussi, en complément du marché de la migration vers la fibre, tout un marché de maintenance de ces réseaux va se développer, à la fois dans le professionnel et le résidentiel, via des contrats de maintenance annuels. Le marché est énorme pour ceux qui sauront s’en saisir.

Précisément, quelles sont les clés de ce marché ?

Les électriciens vont devoir se former aux spécificités de la fibre, et se familiariser avec les câbles optiques, les types de raccordement des différents connecteurs, les raccordements par soudure et par épissurage mécanique, la pose de raccordement des PRI et des PB, le brassage et le repérage des fibres dans les PRI et PB et le piquage sur câble colonne montante. Beaucoup d’artisans ont d’ailleurs sauté le pas et commencent à se former sur la fibre.

« Objectif Fibre », qui est une organisation interprofessionnelle des métiers de la fibre et qui compte parmi ses membres fondateurs la Fédération française des entreprises du génie électrique et énergétique (FFIE), labellise des centres de formations à la fibre optique. Nous travaillons depuis 2009 avec les représentants des électriciens.

Une fois formés, il faut évidemment un investissement en matériel : réflexomètres, soudeuses… Le métier est donc complètement ouvert aux électriciens qui souhaitent prendre le marché, car il n’y aura certainement pas de « fibristes » comme il existe des plombiers ou des électriciens… Il faut des corps de métiers déjà structurés.

En bref, la fibre, qui nécessite une précision plus importante que le travail sur le cuivre, fera troquer – aux électriciens qui s’y investiront – leur blouse bleue contre une blouse blanche.

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